Cet article qui présente les enjeux de la prise en compte de la santé mentale dans le cadre professionnel est le premier d’une série. Les trois suivants exploreront successivement la responsabilité des organisations, le rôle des managers et les leviers d’action individuels et collectifs.
Chaque article offre accès à une variété de ressources (vidéos, fiches, outils, formations…) pour approfondir ou passer à l’action.
La santé mentale, indissociable de la santé physique, une responsabilité partagée dans le cadre professionnel ?
Le travail au coeur de nos besoins | Minds Grenoble
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut réaliser son propre potentiel, faire face aux tensions normales de la vie, travailler de manière productive et contribuer à la vie de sa communauté.
Notre santé mentale, source ministère de la santé, fluctue en fonction des événements de la vie, des pressions du quotidien et du contexte professionnel. Se sentir bien dans sa tête, tout comme dans son corps, est indispensable pour bien vivre, bien interagir avec les autres et bien collaborer.
Dans un monde du travail en constante évolution (rythmes accélérés, incertitude, digitalisation), la santé mentale devient un enjeu central pour les organisations comme pour les individus.
C’est particulièrement vrai pour la génération Z qui représente un quart de la population active française fin 2025. Cette génération, en quête de plus d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, de flexibilité et d’un management plus soutenant que hiérarchique, fait de la santé mentale et physique et du bien-être au travail un critère majeur de choix et d’engagement. (enquête HP Work Relationship de 2025)
Longtemps négligée face à la santé physique, elle est pourtant un pilier essentiel du bien-être.
Santé mentale, de quoi parle-t-on ?
La définition de l’OMS souligne le caractère positif et dynamique de la santé mentale.
La santé mentale ne se limite pas à l’absence de troubles ou de maladies mentales, mais inclut également la capacité à gérer ses émotions, à maintenir des relations équilibrées et à s’adapter aux défis quotidiens.
Les troubles de santé mentale sont désormais la première cause d’arrêt de travail de longue durée.
Une personne en bonne santé mentale est aussi quelqu’un qui se sent suffisamment en confiance pour s’adapter à une situation à laquelle elle ne peut rien changer (la fameuse résilience).
Visuel extrait de Santé mentale, handicap et emploi - avril 2025 | Agefiph
Ce n’est pas une absence totale de stress, d’émotions négatives ou d’épreuves à surmonter.
Cela ne signifie pas non plus être constamment heureux. Il est naturel de vivre des périodes de vulnérabilité émotionnelle ou psychologique. L’essentiel est de disposer des ressources nécessaires pour y faire face.
Cela ne recouvre pas uniquement les pathologies psychiatriques. Elle est beaucoup plus large et comprend des troubles bien plus légers et répandus dans la société mais qui déstabilisent le quotidien des personnes qui en souffrent.
| FreepikÀ la frontière entre vie privée et vie professionnelle, la santé mentale est souvent source de malentendus en raison de sa complexité invisible et des stéréotypes véhiculés. Il est crucial de combattre l’ignorance, un certain déni, voire la honte, et de promouvoir l’écoute et l’action. Déconstruire les idées reçues passe par l’éducation, le dialogue ouvert et une représentation juste et empathique de la santé mentale.
Revoir ses propres représentations : identifier et remettre en question ses préjugés. Cela inclut de comprendre d’où viennent ces idées et pourquoi elles persistent.
Prôner l’écoute et le dialogue : encourager les échanges ouverts pour mieux comprendre les expériences vécues des personnes concernées.
Adopter des politiques inclusives : mettre en place des mesures qui favorisent l’intégration et le soutien des employés atteints de troubles mentaux.
Agir sur l’éducation et la sensibilisation : par le biais de campagnes, de formations et de dialogues ouverts.
Favoriser un leadership exemplaire : les managers doivent montrer l’exemple en adoptant une attitude empathique et respectueuse.
On parle souvent de santé mentale en pensant à une personne en difficulté, submergée par le stress, la fatigue ou les émotions. Pourtant, la santé mentale ne se résume pas à l’état d’un individu : elle se nourrit aussi du contexte dans lequel il évolue.
Le mal-être psychique peut avoir des origines diverses, il est souvent le résultat d’interactions complexes entre vie personnelle et contexte professionnel, d’où la nécessité d’une approche globale et systémique, qui prenne en compte à la fois la personne et son environnement.
Cliquer pour agrandir | Minds GrenobleLa santé mentale : un équilibre en mouvement
L’environnement de vie : cadre de travail, stabilité personnelle, sécurité matérielle, exposition au stress.
Les valeurs personnelles : ce qui a du sens, ses convictions, la cohérence entre ce que l’on fait.
Les caractéristiques individuelles : personnalité, sensibilité, intelligence émotionnelle, prédis-positions biologiques.
Les événements marquants de la vie : rencontres, changements, deuils, réussites ou épreuves. Selon les situations, ils peuvent renforcer ou au contraire fragiliser l’équilibre psychique. C’est cette interaction permanente qui rend la santé mentale vivante, changeante et propre à chacun.
▪️ Les aménagement des lieux de travail pour répondre à des nouveaux modes de travail et une logique immobilière : densification, open space, flexoffice. Ces évolutions, porteuses d’opportunités, ont aussi leurs effets secondaires sur la santé mentale.
▪️ L’hyper-connectivité : infobésité et fatigue informationnelle :
📘 Les Français et la fatigue informationnelle. Mutations et tensions dans notre rapport à l’information, site de la Fondation Jean Jaurès
📘 Hyperconnexion, comment gérer ?, site CMVRH
▪️ Les addictions et leurs nouvelles formes : dépendance aux écrans, drogues, alcool.
📘 Le modèle des 5C de l’addiction et l’addict arbre, Source Addictions, dites-leur adieu, Laurent Karila, psychiatre addictologue, présentation de l’ouvrage sur le site apprendre à éduquer.
Identifier les facteurs de risques et les signaux d’alerte
Prévenir la dégradation de la santé mentale par le Travail | Eléas
Dans un contexte professionnel où les exigences, les responsabilités et les pressions se multiplient, la santé mentale des collaborateurs peut rapidement être mise à l’épreuve.
Identifier les facteurs de risques et les signaux d’alerte est essentiel pour prévenir l’apparition de troubles psychologiques et préserver un environnement de travail sain et bienveillant. Cliquer sur l’image pour accéder à l’article sur le site Eléas
| macrovector - FreepikAttention à ces indicateurs qui peuvent être des symptômes d’un malaise plus profond au sein de l’organisation :
un taux élevé d’absences,
un turnover et des départs importants,
une chute de l’engagement,
une morosité ambiante.
| vectorjuice - Freepik Ces signaux peuvent être les premières manifestations d’une souffrance psychique. Une vigilance accrue est nécessaire pour détecter précocement ces signes et agir rapidement.
Altération de l’humeur : tristesse persistante, irritabilité ou euphorie excessive,
Changements dans les habitudes alimentaires ou du sommeil : insomnie, hypersomnies ou perte/gain de poids significatif,
Problèmes de concentration : difficulté à se focaliser ou à terminer des tâches,
Isolement social : retrait des relations et des activités habituelles,
Comportements inhabituels : agitation, ralentissement ou actes impulsifs,
Vers une culture de la santé mentale intégrée et durable
La santé mentale est un enjeu collectif, transverse et stratégique.
Dépasser les tabous, promouvoir des pratiques préventives et instaurer une culture de la bienveillance sont autant de leviers pour construire des environnements de travail plus sains, plus humains et plus durables.
La santé mentale est l’affaire de tous, tous les jours