Retour sur le débat autour du film "Etres en Transition : le vivant nous questionne"

Le 2 septembre dernier, la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes et le CMVRH ont organisé une table ronde autour du film de François Stuck. Le sujet : la coopération du pôle ministériel pour préserver le vivant

Tristan Bitsch posant des questions aux intervenants, Marc Chevrier et Estelle Rondreux introduisant la table ronde, François Stuck le réalisateur et Dominique Colin du CEREMA
Tristan Bitsch posant des questions aux intervenants, Marc Chevrier et Estelle Rondreux introduisant la table ronde, François Stuck le réalisateur et Dominique Colin du CEREMA | DREAL Auvergne -Rhône-Alpes
Emmanuel Goy de L'ADEME, Jacques Dumez de l'OFB, Tarik Yaiche et Philippe Deneuvy de la DREAL et Isabelle Nuti de la DDT 26
Emmanuel Goy de L'ADEME, Jacques Dumez de l'OFB, Tarik Yaiche et Philippe Deneuvy de la DREAL et Isabelle Nuti de la DDT 26 | DREAL Auvergne-Rhône-Alpes

Les intervenants

  • Estelle Rondreux, directrice régionale adjointe de la DREAL,
  • Isabelle Nuti, directrice de la DDT de la Drôme,
  • Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse,
  • Dominique Colin, directeur adjoint du Cerema Centre-Est,
  • Jacques Dumez, directeur régional de l’OFB,
  • Emmanuel Goy, directeur régional adjoint de l’Ademe.
    La table ronde était animée par Tristan Bitsch, philosophe-consultant du cabinet Noetic Bees, Marc Chevrier, directeur du CVRH de Clermont-ferrand et Tarik Yaïche, chargé de mission eau-air-sol à la DREAL AuRA.

Le point de vue du réalisateur : L’Etat, colonne vertébrale sur ces sujets

La table ronde a était ouverte par le réalisateur François Stuck qui a rappelé son engagement associatif constant qu’il traduit dans les films qu’il a produits. Il a exprimé sa fierté de voir l’appropriation de son film « êtres en transition » par les acteurs publics comme ceux des agents de l’État. Pour lui, ce qui se joue, ce que l’on voit au sein du film, mobilise l’individu, mais aussi les organisations collectives, au sein desquelles l’État constitue la colonne vertébrale. L’État est peu apparent dans les témoignages du film, mais il est partout en filigrane.
L’État, un acteur singulier au sein de la transition écologique

Le rôle multiple de l’Etat

Isabelle Nuti de la DDT de la Drôme a re-situé le rôle et la vocation des services de l’État au sein de l’ensemble des acteurs qui maillent le territoire.
Elle a notamment rappelé le rôle multiple de l’État : donner un cap, du sens, des délais, accompagner, contrôler. Elle a également souligné l’importance du travail en réseau avec l’ensemble des acteurs du territoire pour porter les politiques publiques jusqu’au dernier kilomètre.

Pour penser global et agir local deux mots clés : transversalité et territoires !

Isabelle Nuti

Agir selon la spécificité du territoire, en mêlant les différentes échelles

Laurent Roy, de l’Agence de l’eau RMC, a partagé ses convictions sur les questions des échelles de mise en œuvre des politiques. Dans le film, beaucoup de témoignages indiquent qu’il faut agir au niveau local. Mais pour la gestion de l’eau, il s’agit de mettre en œuvre des politiques sur de multiples dimensions : bassin, bassin versant, amont-aval, territoires. Il a rappelé que pour être efficace, il faut à la fois combiner les enjeux nationaux et les adapter aux politiques des territoires, car chaque territoire est différent (géographie, économie, géologie, acteurs…). La transversalité des approches est essentielle à la réussite, et le croisement des thématiques se réalise dans les territoires. C’est là aussi un rôle fondamental de l’État.
L’importance du collectif et des méthodes d’ingénierie

Ne pas agir seul et intégrer aussi des approches sociologiques et psychologiques

Le film met plusieurs fois en avant l’enjeu de ne plus agir seul et de penser globalement les territoires. Dominique Colin a expliqué comment le CEREMA a été construit pour rassembler des missions d’expertises du réseau scientifique et techniques au bénéfice de l’accompagnement des acteurs de projets et des territoires. Mais la technique ne fait pas tout et il est aussi essentiel de faire évoluer les mentalités pour concerner chacun.

Il confirme que la réussite d’un projet demande parfois de faire tomber les barrières mentales et des schémas de représentation. Cela mobilise des compétences d’animation et de méthodes d’appropriation que le CEREMA n’hésite pas à s’adjoindre : sociologie, psychologie…
Le clic du déclic

Favoriser le changement par l’émotion

Tristan Bitsch revient sur le "déclic" et comment mettre en place de nouvelles pratiques sans que cette transition ne devienne trop anxiogène.
Il explique que le déclic peut provenir d’une émotion. Positive lorsqu’il s’agit d’enthousiasme par exemple, ou négative (mais il faut qu’elle soit intelligemment amenée).
Il revient également sur la définition du mot "sens" et rappelle que tout changement commence par l’individu. Que prendre soin de soi constitue le début de la prise en compte de son environnement ! C’est en prenant soin de soi que l’on prend soin des autres et au-delà de l’environnement.

Être indulgent envers soi-même et les autres

Estelle Rondreux a abordé la question des contradictions auxquelles est confronté chacun dans son activité. Cela notamment concernant les politiques publiques apparaissant comme contradictoires l’une à l’autre. Ces contradictions concernent aussi les échelles de temporalité (comme déjà abordé) comme parfois les difficultés de moyens à disposition face à l’ampleur des tâches..

Malgré la baisse des moyens et des effectifs qui pèse sur toutes les structures, il faut réussir à faire au mieux, souvent en faisant moins. C’est aussi être indulgent envers soi-même et les autres, tout en usant de notre réseau d’acteurs (transversalité).

Considérer la biodiversité comme un allié et non un obstacle

Les crises se succèdent depuis plusieurs années : crise financière, crise des ressources, crise sanitaire, crise énergétique… peut-on préserver l’environnement en période de crise ? Jacques Dumez de l’OFB explique qu’il faut inverser la charge. La biodiversité n’est pas une contrainte, c’est une richesse. Grâce à une meilleure connaissance de son territoire et des enjeux, il est possible d’inverser les regards et mieux accompagner les transitions.

« le Vivant nous questionne »… C’est le titre du film. Emmanuel Goy explique comment la biodiversité est abordée à l’ADEME et souligne les enjeux qui sont à relever à l’avenir. Il explique le travail mené par l’Ademe "Atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, 4 scénarios pour y parvenir". Sur ces 4 scénarios, des actions fondamentales peuvent servir de socle, comme la maîtrise de l’énergie dans les bâtiments, le développement des énergies renouvelables… mais aussi la sobriété.
Il conclut que le vivant est un atout pour stocker le carbone.

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